FROID

La brume s’accroche la forêt
La nuit chante la nuit
La nuit chuchote et chahute
L’herbe est noire et le presbytère est allumé
C’est ma porte de secours
L’ombre tranquille passe et repasse à la fenêtre
Ce sont mes souvenirs tourbillonnants
Je revois le presbytère de mon enfance
L’abbé m’offrait une soupe électrique
c’est ainsi qu’il appelait la soupe en poudre
Je lui roulais ses cigarettes pour le soir
avant de répondre à ses questions
Avant de regagner la maison de mes parents
en longeant les bois
les vignes et le cimetière
Aujourd’hui un de mes curés s’y repose
et mon père aussi
tout en haut, près dela grande allée, en lisière de forêt
Je les visite souvent

comme on visite les amis vivants

 

Il fait nuit
Je me munis d’une lampe et nous faisons la conversation
Ce soir d’autrefois
avant de frapper à la porte du prêtre
Je respire dans l’obscurité
des souvenirs de Lilas et de tubéreuses
même quand ce n’est pas la saison
Et j’écris mes infortunes qui me piquent au visage
comme la rosée sauvage
Le curé ouvre toujours la porte
Comme dans les romans de province.
Il offre l’hospitalité
Une soupe simple et une tarte maroilles
Le vin délie et engourdit les langues
c’est selon.
Des liquides de souvenirs.
Mes émotions mystiques et trépassées remontent à la surface.
Le bon prêtre m’écoute.
Être croyant,
être croyant oui
c’est être libre
C’est notre avis
partagé.
Et puis l’abbe
le museau dans son verre
semble bénir
et sourire.
Ou alors ai-je rêvé
tout là-haut

A l’orée de la forêt

Il fait nuit
Dans le presbytère de mon enfance

 

Il fait si froid dans les cimetières



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Cette entrée a été publiée dans POÉSIE.

2 commentaires sur “FROID

  1. Phédrienne dit :

    Je le remets là ce like silencieux. Vous vous en moquerez mais je vous aime bien dans c e texte-là

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  2. Eric Poindron dit :

    Merci ma chère. je continue, alors…
    En complicité.

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