Comme je fuis le sommeil, je lis jusqu’à l’épuisement.
Le matin, il existe ce temps ou ce nouveau lieu inexplicable qui succèdera au réveil.
Il faut recommencer chaque jour.
Chaque jour, nous ouvrons et inaugurons un nouveau studiolo,
une chambre des merveilles confidentielles et imaginaires. Qu’avons-nous fait durant la nuit ?
Des rêves, des pas, des sauts de l’ange ?
Les philosophes, les phrénologues de naguère et les neurologues sont incapables d’expliquer cet endroit inconnu.
Cette nuit par exemple où je collectionnais des insectes que je conservais dans une boîte d’entomologiste comme le vertueux Jean-Henri Fabre.
Au réveil, seulement deux petits scarabées à mes côtés ;
et bien vivants.
L’un d’eux est sur le dos, je le retourne et lui souhaite une belle journée.
Sur le lit
un livre ouvert.
que je n’ai pas ouvert.
Je lis
Sans épuisement
« Quant à la poésie, la mienne n’est que le rêve des passions qui sommeillent ; une fois réveillées, je ne sais plus parler leur langage que dans leur somnambulisme, et dans ce moment, elles ne dorment pas. »
Comme un lecteur somnambule.
Lord Byron, Mémoires, Lettre CCLVIII à M. Murray